Briser le cycle de violence : Le service national, un moyen de redonner de la dignité aux Kuluna à Kinshasa
Kinshasa est depuis près de deux décennies un terrain de banditisme accru mené par ceux communément appelés “Kulunas” qui troublent les paisibles citoyens continuellement menacés, tabassés, volés, violés en perdant leurs argents, téléphones portables, sacs et autres biens de valeurs, au vu de l’œil impuissant de leur entourage et des agents de sécurité de la ville.
En effet, la population victime ne cesse de se plaindre quotidiennement des actes commis et souvent impunis aux yeux de la loi, force d’une police qui n’assure toujours pas leur sécurité au maximum voir qui s’allient à ces derniers pour les terroriser et profiter eux aussi des actes atroces commis. La population vit au quotidien avec une peur constante car les protecteurs se transforment aussi en complices des kulunas dus au manque de moyens fournis à la police nationale.
Mais le gouvernement depuis quelques années ne cessent de mettre en oeuvre des moyens pour mettre fin à ce chaos en optant pour l’option de regrouper collectivement tous les Kulunas jugés de la capitale et de partout sur toute l’étendue de la république afin de les intégrer au service national pour travailler dans les plantations et autres services.Cette initiative est toujours jugée pas “efficace” par la population comparé aux opérations “Likofi” et “Ingeta” qui sont des actions gouvernementales lancées entre 2013 et 2014 à Kinshasa par la police nationale congolaise (PNC) et le service de renseignements de la république, afin de lutter contre toute autre forme de banditisme urbain dans la ville. Ces opérations jugées “ meurtrières” dans un rapport publié par Human Right Watch au cours de laquelle au moins 51 jeunes hommes et garçons ont été abattus et 33 autres ont disparu, à Kinshasa semblait pourtant avoir su apaiser la situation par ses caractéristiques brutales mettant les grands loups représentaient par les kulunas dans une position de chassé, leur faisant comprendre qu’ils pouvaient subir tout comme la population désespérée.
De ce service national ayant débuté en 2020 nous avons vu une évolution en termes de réinsertion sociale et changement auprès d’une partie des délinquants urbains ayant participé aux premières vagues et de leur retour n’ont pas récidivé dans leurs mauvaises pratiques et ont plutôt trouvé en ce voyage une nouvelle vocation pour le changement de vie.Ces changements d’attitude nous poussent à nous questionner si cela ne serait réellement pas le moyen efficace et tant attendu pour éradiquer les violences connues qui n’ont trop perduré tout en respectant les droits de l’homme et des lois de la République Démocratique du Congo.
Mesures non conformes dans les établissements pénitentiaires
La réinsertion des anciens kuluna dans la société s’inscrit dans le cadre d’une initiative plus large lancée par le président Félix Tshisekedi dans le but de faire revivre le Service National, créé en 1997 par l’ancien président de la République, M’zee Laurent Désiré Kabila. Ce service avait pour objectif lors de sa création d’engager les jeunes diplômés et chômeurs volontaires dans l’apprentissage de divers métiers et à renforcer leur sens du patriotisme mais depuis 2020 ce service a été élargi pour accueillir les incarcérés afin de leur permettre d’être utile à la société après des retours non positifs de leur transfert dans les prisons militaires à l’intérieur du pays notamment de Buluwo situé dans le Haut Katanga et Angenga pour éviter la surpopulation des prisons principales de Kinshasa et instaurer une meilleure discipline mais ces dernières ont été jugées horribles pour leurs conditions d’accueil des prisonniers.
À Angenge, le transfert de prisonniers entraînait une surpopulation carcérale en raison du déplacement de détenus, principalement condamnés pour des crimes tels que le meurtre, le vol, le viol et d’autres infractions. Cette prison militaire accueille également d’anciens miliciens Kamwina Nsapu, ainsi que d’autres détenus dangereux, y compris des militaires condamnés pour l’assassinat de l’ancien président Laurent-Désiré Kabila en faisant l’une des plus dangereuses du pays.
Pour Buluwo, les problèmes évoqués sont les déficiences graves dans l’alimentation, l’hygiène, les soins de santé transformant cette prison en véritable mouroir. Dans les cachots, les traitements cruels, inhumains ou dégradants et même l’usage de la torture sont fréquents. Il est très probable que la situation soit pire encore dans ces lieux presque inaccessibles et qui échappent à tout contrôle comme les nombreux lieux de détention illégaux ou clandestins qui peuplent la RDC.
En vue des ces conditions, la solution optionnelle du moment pour répondre à ces défis était de trouver un endroit pouvant accueillir les kulunas pour leur accorder une seconde chance et ainsi donc la possibilité de regagner une dignité et contribuer au développement de certains secteurs en RDC qui bénéficieront à leur propre développement personnel par la même occasion car les prisons principales de Kinshasa à savoir “makala et ndolo” ne sont plus habilitées à enfermer les prisonniers ce qui conduit à leur relâchement et ainsi permet la continuité de terreur sur la population. La prison centrale de Makala compte environ dix mille détenus alors qu’elle a été construite pour accueillir un maximum de 1 500 prisonniers et la prison militaire de Ndolo, quant à elle, compte actuellement 2 000 détenus alors qu’elle a été construite pour accueillir un maximum de 500 détenus, ce qui démontre une fois de plus le taux exacerbé de criminalités rien que pour la ville de Kinshasa.
Le lieu habilité par le gouvernement appelé “Kanyama Kasese” dans la province du Haut-Lomami sert de centre de rééducation et d’apprentissage des métiers qui reçoit les délinquants jugés mais aussi des volontaires prêts à contribuer pour l’avancement de certains secteurs tels que l’agriculture, les infrastructures, la santé, etc. Les kuluna envoyés ont donc la possibilité de purger leur peine tout en regagnant leur dignité à travers les formations données.
“Kanyama Kasese” pourrait s’avérer être l’ établissement propice pour soutenir la réinsertion et assurer un climat de tranquillité dans la ville et pourquoi pas le pays entier sur le long terme. En vue de tous ces éléments, une implication plus forte dans les installations semblables à Kanyama Kasese ne serait-elle pas plus adaptée ?
Renforcer le potentiel des établissements de service national
La création et la multiplication d’établissements tels que Kanyama Kasese, spécialisés dans la réhabilitation des délinquants dans les différentes provinces du pays, pourraient jouer un rôle crucial dans l’éradication de ce phénomène.
Les établissements comme Kanyama Kasese avec les normes et les conditions adaptées offriront un environnement structuré et des programmes de réadaptation qui visent à transformer les comportements des délinquants, les aidant à se réintégrer dans la société de manière positive en leur donnant des nouvelles directions de vie équipées des outils nécessaires grâce à une diversification de formations dans différents secteurs. En investissant non seulement dans la construction de plus de centres à travers le pays mais aussi dans la diversification de formation, le gouvernement congolais pourrait étendre leur portée et leur impact, touchant ainsi un plus grand nombre de jeunes à risque.
Ceci s’avère être une alternative innovante à l’incarcération traditionnelle car ces établissements mettront l’accent sur la réhabilitation et la réinsertion sociale, contribuant ainsi à briser le cycle de la délinquance et de la violence généralement poussé par le manque d’éducation et le chômage accru. En offrant aux délinquants des opportunités de formation professionnelle, d’éducation et de soutien psychologique pour comprendre le passif et les besoins de tout un chacun pour une redirection appropriée, ces kuluna auront une seconde chance de devenir des membres productifs de la société et réellement perpétrés la série “les bâtisseurs de la nation” lancé depuis le transfert de la première vague de prisonniers en 2020.
“Les bâtisseurs de la nation” renvoient à l’évocation des vagues d’incarcérés envoyés depuis l’établissement de Kanyama Kasese, qui célèbre actuellement sa quatrième année de fonctionnement. Plus de 1600 Kulunas ont été transformés en bâtisseurs de la nation, recevant leur brevet le 13 avril 2024 après deux ans de formation. Ces individus sont désormais prêts à contribuer à la reconstruction de l’hôpital général de Kintambo et à participer à la fabrication de bancs pour les écoles dans un grand atelier installé à N’sele. Le départ de 350 autres Kulunas de Kinshasa pour le service national a suivi leur retour, avec une liste de 2000 Kulunas en attente de jugement pour les rejoindre prochainement. Cette démarche reflète l’engagement du gouvernement, cependant, compte tenu du nombre croissant d’activités des Kulunas à Kinshasa, investir dans davantage d’établissements dans les différentes provinces permettrait de lutter de manière plus efficace contre ces actes de violence. Cette approche proactive et durable s’avère essentielle pour contrer ces problèmes et promouvoir la sécurité nationale.